Dans cette présentation, j’aborderai diverses facettes et conséquences sociales du prolongévisme contemporain et du projet d’antivieillissement. Ce projet constitue un élément nouveau du programme scientifique moderniste voulant repousser les limites de la biologie humaine. Plus souvent discuté en bioéthique, ce projet jette les bases d’une société posthumaine, un terme désignant une condition sociale caractérisée par un changement profond de la nature humaine qui serait engendrée par l’optimisation des capacités biologiques rendue possible grâce à la technologie. Naturellement, le marché de l’antivieillissement produit des discours très séduisants – qui ne voudrait pas éliminer les effets débilitants de la vieillesse ? – qui participent à redéfinir les liens entre l’âge, la vieillesse et la société. Le rêve d’une longévité extrême et en santé masque, cependant, de nouveaux sites de vulnérabilité. En tentant de répondre aux angoisses existentielles envers le vieillissement, la maladie et la mort, le prolongévisme renforce et légitime, en revanche, plusieurs formes d’inégalités sociales.